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Post Doctorat ULCO 2022

Recrutement « Post Doctorat ULCO 2022 »

Université du Littoral-Côte-d'Opale — Wikipédia

Laboratoire d’accueil ULCO :

Centre de Recherche sur l’Innovation et les Stratégies Industrielles (ISI), Université du Littoral Côte d’Opale

Contact : Blandine Laperche (blandine.laperche@univ-littoral.fr)
Contrat de un an à partir de janvier 2022.
Candidature jusqu’au 31 octobre 2021.

Projet de recherche : La construction de filières de production d’énergie durable, (méthanisation, parc éolien) à Dunkerque : méthodologie, enjeux et controverses

1. Sujet de recherche et son contexte scientifique

La recherche proposée ici visera à identifier et analyser les nouvelles filières porteuses d’opportunités pour les territoires. Les secteurs agro-industriels cherchant à mettre en place de stratégies centrées sur les circuits courts (Gallaud, Laperche, 2016), de même que les filières fondées sur les énergies renouvelables sont pertinents à analyser. Dans ce contexte, la construction d’une filière de valorisation énergétique des déchets de la biomasse et d’effluents industriels, qui est l’un des projets intégrés dans Territoire d’Innovation, dont Dunkerque est l’un des lauréats en 2019, sera l’un des terrains de l’étude. Un autre projet à étudier et celui de la construction du parc éolien en mer à Dunkerque. Les objectifs stratégiques de Territoire
d’Innovation sont les suivants1:

  • Améliorer la qualité de l’air
  • Œuvrer en faveur de la transition énergétique
  • Développer l’écologie industrielle et territoriale
  • Favoriser la formation et le dialogue territoria

1https://www.dunkerquepromotion.org/2019/09/dunkerque-territoire-dinnovation/

  • Positionner l’habitant au cœur de cette transformation, pas seulement en tant que bénéficiaire principal, mais aussi en tant qu’acteur grâce à un dialogue territorial innovant où il trouvera toute sa place aux côtés des acteurs économiques, académiques et institutionnels

La construction d’une filière de valorisation énergétique des déchets de la biomasse et d’effluents industriels s’inscrit pleinement dans l’objectif de développement de l’économie circulaire (et notamment du pilier que constitue l’écologie industrielle). L’économie circulaire s’oppose au modèle linéaire selon lequel l’activité industrielle consiste à « extraire, fabriquer, consommer, jeter ». Elle se présente comme un nouveau modèle économique à même de promouvoir un développement durable, s’inspirant du fonctionnement de l’écosystème naturel (Homrich et al., 2018, Kohronen et al., 2018). L’écologie industrielle se présente comme l’un des piliers de l’économie circulaire (Ademe, 2013). C’est un mode d’organisation industrielle caractérisé par une gestion optimisée des stocks et des flux de matières, de l’énergie et des services. Elle vise la transition des systèmes industriels traditionnels vers des écosystèmes industriels imitant la biosphère (Frosch, Gallopoulos, 1989), en proposant des solutions concrètes permettant d’orienter les activités économiques vers un fonctionnement plus durable.

Des études sur l’état des lieux de l’écologie industrielle à Dunkerque ont été réalisées afin de comprendre la contribution de cette démarche au développement et à la diversification de ce territoire (Boutillier et al., 2015 ; Kasmi et al., 2017 ; Kasmi, 2018, Kasmi, 2020, Adndriamantena et al., 2020). Les résultats montrent que les démarches d’écologie industrielle ont été mises en place à Dunkerque dès les années 1980 et ont permis la création d’une symbiose industrielle (Chertow, 2000). Les synergies écoindustrielles qui caractérisent cette symbiose sont portées par les acteurs privés mais aussi publics (institutions locales) et semi-publics (association Ecopal, clubs d’entreprises…). La présence de ce réseau de synergies écoindustrielles portées par les différents acteurs témoigne de l’existence d’un collectif d’acteurs diversifiés et d’un cadre institutionnel qui coordonne ce dernier.

Les entreprises ayant mis en place des pratiques d’écologie industrielle ont, dans certains cas, développé de nouvelles connaissances et compétences qui ont été transformées en écoinnovations (notamment de produits, de procédés ou de nouvelles pratiques). Cette dynamique d’écologie industrielle a également engendré la création de nouvelles activités sur le territoire (Kasmi, 2020). Certaines nouvelles entreprises se sont installées dans la symbiose et sont reliées par les synergies aux entreprises présentes. En plus des facteurs d’attractivité conjoncturelle et structurelle du territoire de Dunkerque (notamment, l’infrastructure adaptée et spécialisée, la main d’œuvre spécialisée, l’accompagnement par les acteurs locaux etc.), la présence de flux de matières et les opportunités de synergies ont été des éléments essentiels dans la localisation de ces nouvelles entreprises. Les synergies éco-industrielles offrent à ces entreprises des possibilités de création de nouveaux marchés et de développement de nouvelles technologies.

La construction d’une filière de valorisation énergétique des déchets de la biomasse et d’effluents industriels permettra de diversifier la symbiose industrielle de Dunkerque et s’inscrit dans la volonté de renforcer la production d’énergies propres et renouvelables. Ainsi, le couplage de la production de biogaz avec des procédés de purification et catalytiques novateurs permettra de le convertir en composés chimiques à plus haute valeur ajoutée comme
l’hydrogène ou le gaz de synthèse (H2+CO) pouvant être considéré comme source d’énergie verte. Pour autant, 20 à 30% des projets de création de filières de méthanisation en France ont été abandonnés (Ademe, 2014), en particulier en raison des controverses qui y sont associées (dues aux nuisances possibles, à l’impact sur la valeur du foncier, à la pollution…). Le rôle des collectivités territoriales peut alors être déterminant pour la continuité des projets (Bourdin et al., 2019) mais ce fait incite à réfléchir aux pré-requis à la construction d’une telle filière.

Le cas de la construction du parc éolien au large de Dunkerque est aussi très pertinent à étudier. Le projet est mené par deux maîtres d’ouvrage : Sociétés Eoliennes en Mer de Dunkerque (EMD) filiale d’EDF Renouvelables, Enbridge et Innogy chargé de la construction du parc en mer et de ERT, chargé de la pose électrique en mer et du raccordement au réseau terrestre. Le projet vise la construction de 46 éoliennes au maximum avec une mise en service prévue en 2027 pour une durée d’exploitation de 30 ans. D’une puissance de 600 MW, il vise une production annuelle correspondante à la consommation de près d’un million d’habitants. Un débat public s’est tenu (de septembre à décembre 2020) après la phase d’appel d’offres conduite sous l’égide de l’Etat qui a identifié la zone jugée propice et rédigé le cahier des charges. Si ce projet s’inscrit dans le développement des énergies renouvelables, il a suscité de nombreuses interrogations de la part des différentes parties prenantes du débat public (associations environnementales, liées à la pêche, au tourisme (y compris de mémoire), à l’avifaune et la faune marine, citoyens individuels, syndicats). Les débats, restitués le 16/02/2020, ont porté sur les conséquences possibles de l’installation de ce part éolien en termes économique et environnemental. Le 16 mai 2021, le projet a été confirmé. Cette étude offre un cas très favorable à l’étude de la position des différents parties prenantes dans ce projet controversé et en particulier des acteurs intermédiaires dans la transition écologique des
territoires.

Le travail mené dans le cadre du post-doctorat comprendra :
1) Une revue de la littérature sur les expériences de construction de filières de méthanisation et de filières à partir de parcs éoliens en France et en Europe permettra d’identifier les prérequis pour la construction de telles filières. En parallèle un travail de sélection d’outils d’analyse de filière sera mené.

2) Combinant analyse de filières et de réseaux, il s’agira d’identifier les acteurs clés de ces filières. Un mapping de la filière permettra de visualiser son développement mais aussi le système d’interactions et la nature de celles-ci. Une série d’entretiens avec les acteurs identifiés mais aussi les acteurs potentiels sera réalisée pour déterminer les atouts (coûts, image, réglementation, etc.) et les freins (économiques ; techniques, équipements ; acceptation sociale ; compétences/métiers).

3) Pour étudier les controverses liées au développement de ces filières, nous proposons d’utiliser un cadre d’analyse combinant la théorie des controverses technologiques (Callon, 2006) et celle des routines organisationnelles issue de la théorie évolutionniste des organisations (Nelson, Winter, 1982)2 . Il permet d’identifier les différentes parties prenantes, leurs positions, les intérêts qu’elles défendent et les interactions qui les lient les unes par rapport aux autres.

Les résultats attendus portent sur un état des lieux de la structuration des filières et sur l’évaluation de leur potentiel économique (emplois, entrepreneuriat, attractivité). Il s’agira également d’étudier les implications en termes de compétences et de gouvernance locale.

2Ce cadre d’analyse a été développé dans le cadre d’un travail de recherche antérieur portant sur la suspension par l’Etat français en 2020 (prolongé en 2021) de l’usage de l’additif alimentaire E 171 dans l’alimentation
(Boutillier et al, 2020)

En termes de valorisation, le post doc s’inscrira dans les travaux du laboratoire en matière d’analyse de filières (identification de nouveaux outils d’analyses, logiciels de mapping, etc.). Cette compétence, très prisée dans le contexte de développement de la bioéconomie et de l’économie circulaire, est aujourd’hui également mobilisée par le laboratoire ISI dans le cadre d’autres projets (ANR, ADEME, etc). Ce post-doc posera les jalons d’une thèse à venir sur le sujet. Le post doc pourra également participer en coopération avec les autres laboratoires impliqués dans TIGA et relevant de différentes disciplines des sciences humaines et expérimentales à l’Ulco et d’autres laboratoires en particulier de la région Hauts de France à des dépôts de programmes régionaux (Stimule), nationaux (ANR, ADEME) et européens.

 

Profil recherché et caractéristiques du poste

Diplôme exigé : Doctorat Sciences Economiques, Gestion, Géographie

Connaissances et compétences :
– Analyse économique, économie industrielle, économie et management de l’innovation, analyse de filières (outils) et analyse de réseaux
– Connaissance dans le domaine de l’économie circulaire, de l’écologie industrielle et de la méthanisation, des énergies durables
– Capacité à rédiger, capacité à réaliser une revue de littérature, capacité à réaliser des entretiens, capacité à traiter des informations et données
– Aptitude à communiquer et à dialoguer, aptitude à travailler en équipe

Durée hebdomadaire de travail : contrat à 100%
Type de contrat : Contrat à durée déterminée de 12 mois à compter du mois de janvier 2021.
Salaire brut indicatif : 2 500 €

 

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